Le Juge, la République assassinée
Tome 3 : Chronique d'une mort annoncée

La mort de François Renaud, premier magistrat de la Ve République a avoir été assassiné, reste l'une des grandes affaires judiciaires de la seconde moitié du XXe siècle et le symbole d'un échec honteux pour la justice française. Judiciaire seulement ? Assurément pas, car c'est à une nébuleuse au sein de laquelle on retrouve le fameux gang des Lyonnais, dont le butin de certains "casses" aurait financé certains hommes politiques et leur parti et, pour orchestrer le tout, le sulfureux SAC, association paramilitaire au service des candidats gaullistes que s'attaquait ce juge intègre, ancien grand résistant surnommé le Shérif.
Olivier Berlion clôture avec brio ce triptyque, à la croisée du polar et du reportage. Habitué des polars, l'auteur développe son récit sur une trame serrée, rythmée, et suffisamment claire cependant pour que ceux qui n'ont pas souvenir de ces événements puissent en mesurer la portée. A aucun moment, cependant, il ne bascule dans le sensationnalisme. De plus, entre les faits bruts, il s'attarde à nous dresser un portrait humain et attachant du juge Renaud, aidé en cela par les proches de celui-ci. Portrait d'autant plus touchant que, comme l'indique le titre de ce troisième tome, on connaît le tragique dénouement de l'intrigue.
Olivier Berlion porte son récit en images d'un trait réaliste et efficace. Son découpage est dynamique, et sa très belle mise en couleurs, dans des tons clairs, rehausse l'ensemble et contraste avec la noirceur des événements retracés. A noter que l'album se complète d'un dossier documentaire de 8 pages qui permet presque de l'aborder comme un one-shot. Et pour ceux qui s'intéresseraient tout particulièrement à l'histoire du Juge, l'auteur y ajoute une trentaine de références bibliographiques. Passionnant !